Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/516

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J’ai lieu de croire, d’ailleurs que dès lors furent jetés les fondements d’une trahison qui devoit bientôt terminer notre carrière militaire. L’empereur me faisoit voir assés volontiers les lettres qu’il recevoit des Anglois et de Cassimalikhan ; il n’y étoit question de nous en aucune manière. Elles étoient remplies de sentiments les plus respectueux pour le prince, des vœux les plus ardents pour sa prospérité, mais sans témoigner le reconnoitre pour ce qu’il étoit, et sans lui en donner les titres et qualités. [On ne le nommoit que le chazada Alygohor], le renvoyant cependant à des tems plus heureux où l’on espéroit pouvoir arranger les affaires à sa satisfaction ; les lettres importantes, celles qui véritablement traitoient d’affaires, rouloient sans doute entre Camgarkhan et Cassimalikhan qui, nouvellement élevé par les Anglois au soubah du Bengale, ne pouvoit que se conformer à leur volonté. Je n’en ai pu voir aucune. Camgarkhan de son côté ne pouvoit qu’être changé à notre égard, [ou plutôt tourné contre nous] ; par la révolution qui venoit d’arriver, il étoit obligé de se conformer aux sentimens et à la conduite des divers rajas du pays avec lesquels il étoit lié d’amitié. Il me donnoit bien en général les plus belles espérances toutes les fois que je le voyois ; mais par ses réponses ambiguës aux diverses questions que je lui faisois, je voyois souvent que ma présence le gênoit, surtout lorsqu’il falloit tirer de lui quelque argent pour la paye de la