Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/517

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troupe, ce qu’il n’accordoit qu’avec la plus grande répugnance ; malheureusement je n’avois plus avec moy mon ancien divan Mirsobogotoulla qui, ne trouvant pas le sort que je lui faisois asses avantageux, avoit pris le parti d’accepter les offres que le raja de Choterpour lui avoit faites. J’avois pris à sa place un nommé Mirferazalikhan, homme de beaucoup d’esprit, très au fait des intrigues des dorbars, plus même que son prédécesseur ; mais dans le vrai, je crois, moins sincère, moins fidèle que lui, et que je soupçonne avoir prêté l’oreille aux propositions qu’ont pu lui faire Camgarkhan et surtout le seigneur Cachemirien Moudarotdola, allié de l’empereur, qui s’entendoit avec Cassimalikhan et les Anglois. [Comme Camgarkhan avoit du remarquer beaucoup de finesse et de pénétration dans ce divan, il est probable qu’il aura employé des moyens de le gagner, pour ne me rien découvrir de ce qu’il pourroit appercevoir contre mes intérêts]. Quoiqu’il en soit, si j’avois pu prévoir que Pondichéry eût été si près de se rendre aux Anglois, il est sûr que le tour que je voyois prendre aux affaires dans le Bengale m’auroit déterminé à me retirer de l’armée de l’empereur et à passer pour dernière ressource auprès de Soudjaotdola, au service duquel je me serois mis. Je voyois que l’empereur lui-même étoit trahi. Les différens chefs de l’armée et surtout Camgarkhan tenoient vis à vis de lui la conduite la plus indigne, le laissant manquer des choses les plus nécessaires