Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/531

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sur le titre de Roi de France que prend le Roi d’Angleterre. Des peuples aussi éloignés de la France qui, dans le désastre général qu’a essuyé notre nation dans l’Inde, ne peuvent juger des choses que par ce qu’ils voyent, en tirent des conséquences qui doivent faire saigner le cœur de tout bon François.

Je me fixai à Chinchurat, l’établissement hollandois pour le reste de l’année, et jusqu’au départ des vaisseaux pour l’Europe. Dans l’intervalle j’eus occasion de remarquer dans les esprits des principaux de l’administration tant civile que militaire et politique de Calcutta, une division, une animosité qui sembloient annoncer une nouvelle révolution. Je m’embarquai en mars 1762 prisonnier sur le vaisseau le Warren, capitaine M. Glover, qui après avoir touché à Madras et à Ste Helenne, arriva à Portsmouth à la fin d’octobre sans autre rencontre que celle d’un bâtiment sans pavillon, qui nous parût être un corsaire de 30 pièces de canons. Marchant beaucoup mieux que nous, il alloit et venoit, nous croisoit à plaisir sans oser nous aprocher. Le troisième jour il nous quitta arborant le pavillon francois. Il est vrai que nous étions deux vaisseaux de compagnie angloise, ayant pris avec nous de Ste Hélenne le vaisseau le Duc d’York ; malgré cela, comme ils étoient l’un et l’autre très mal armés, je crois que le corsaire n’auroit pas eu grand peine à les enlever. Ce vaisseau, le Duc d’York pensa me coûter la vie ; M. Le Verrier,