Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/537

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ami, leur dire que je ne suis pas anglois mais bon françois ; explique leur bien qui nous sommes, et ce qu’est notre bâtiment. » Un moment après je vis tous les paysans dégringoler et s’assembler autour de mon bas breton. Il y en avoit bien deux cents ; il ne fallut qu’un mot d’explication et à l’instant, je les vis tous chantant et sautant me venir faire la révérence. Sans mon domestique je ne me serois jamais tiré de ce mauvais pas ; quelques uns comme escorte m’accompagnèrent jusques au château de Villeneuve que je trouvai curieux par son ancienneté ; les maîtres s’en étoient retirés à l’arrivée du cartel dans Bréha ; nous n’y vimes qu’une vieille servante qui nous reçut très bien, et un gros vilain mâtin qui, quelque langue que nous pussions lui parler, vouloit que nous fussions ennemis ; sans la vieille qui vint à bout de le chasser, il y auroit eu du sang répandu.

Les vents devenus favorables, nous sortimes à petites voiles du port de Bréha, et nous arrivâmes enfin à St Malo après avoir essuyé, je peux dire, plus de dangers depuis notre embarquement à Portsmouth que nous n’en avions couru depuis les Indes jusqu’en Angleterre.