Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/536

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faire ? Il n’y avoit pas moyen de sortir du port, les vents étoient absolument contraires ; nous fûmes obligés d’y rester sept jours.

Le second, ennuyé d’être à bord sans voir âme qui vive, nous nous avisâmes, M. Fobin, le patron et moi, suivi de mon domestique d’aller à terre pour nous promener du côté de Treiguier où il y avoit, disoit M. Fobin, un très ancien château appartenant à la famille de M. Villeneuve Sillars, major du bataillon de l’Inde, que M. Fobin avoit connu à Pondicherry ; il faisoit un froid excessif et nous étions tous en redingotte à l’angloise dont nous nous étions pourvus à Portsmouth. Nous ne vîmes personne, jusqu’à la moitié du chemin, alors nous aperçûmes là et là perchés sur des arbres bon nombre de paysans qui marmottoient entre eux ; heureusement mon domestique entendoit le bas Breton. C’étoit le maître voilier du vaisseau le {#St}} Contest dont j’avois obtenu la liberté dans le Bengale. Au moment que je m’y attendois le moins, je le vois courir, criant, « Monsieur n’avancez pas. » — Qu’y a-t-il donc mon ami ? » — « Monsieur, me dit-il, nous sommes en danger. Savez-vous qu’il est question de rien moins que de nous lapider. Voyez vous ces gens grimpés dans les arbres, ils ont chacun leurs poches ou tabliers remplis de pierres ; on croit qu’il y a une descente angloise à Bréha et comme nous sommes tous en redingote à l’angloise, on nous prend pour ennemis. » — « Parsembleu, va-t-en bien vite, mon