Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/54

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Aliverdi mourut le 9 avril 1756 à l’âge de 80 ans. Il ne laissait pas d’héritiers mâles ; il avait eu trois filles et son frère Hadji Ahmed avait eu trois fils. Les trois cousins avaient épousé les trois cousines. Le plus jeune fils d’Hadji Ahmed, nabab de Patna, fut tué en 1747 par les Afghans révoltés et les deux autres moururent peu de temps avant Aliverdi ; l’un d’eux nommé Newadjes Mahmet khan et surnommé le Petit Nabab, paraissait devoir succéder à son oncle et beau-père. Il ne restait à Aliverdi que des petits-neveux ; ce fut l’un d’eux nommé Souradja doula qu’il choisit comme successeur. Souradja doula, dont on lira la courte et tragique existence, était le fils aîné du nabab tué à Patna en 1747 ; il avait un frère et des cousins, dont l’un, nommé Saokotjingue, était nabab de Pourania.

On ne peut dire que le Bengale eut échappé à la destinée qui le menaçait s’il eut eu à sa tête un autre homme que Souradja doula, qui fut un tyran cruel et malavisé ; les événements historiques sont souvent déterminés par des causes obscures et profondes, qui échappent à toutes les prévisions. La longue et brillante lignée des Antonins n’a pas empêché la chute rapide de l’empire romain ; la crainte qu’inspirait Aliverdi khan cachait mal l’anarchie et la corruption qui étaient à la base de toutes les institutions indoues. Tôt ou tard l’Inde devait mourir de ces vices. Par leurs succès faciles, Dupleix et Bussy avaient montré l’irrémédiable faiblesse du Carnatic et du Décan et c’était l’histoire de la veille. Pourquoi cette faiblesse ne serait--