Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/64

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J’ignore, à dire vrai, sur quoi sont appuyés tous ces propos ; on ne fait pas attention qu’avec le commerce de la compagnie, j’étois encore chargé des affaires d’administration en général vis-à-vis les gens du pays. Si je m’étois trouvé à Pondichery en 1757 ou 1758, voici très certainement ce qu’on m’auroit dit ; je m’en raporte à tous ceux qui y étoient :

« Quelle sottise, quel manque de prévoyance ! abandonner ainsi un pays où vous deviez penser qu’on vous soutiendroit ! votre position aux environs de Patna vous mettoit dans le cas de nous conserver des amis et de faciliter notre rétablissement dans le Bengale ; à présent que faire ? nous avons des vaisseaux, mais que feront-ils ? on doit s’attendre à voir les forces angloises réunies à Calcutta ou dans le bas du Gange ; quelle apparence de réussite ? Sans être le sauveur de Pondichery, je serois la cause de la perte du Bengale. »

Au surplus, comme les titres qu’on a bien voulu me donner, et le raisonnement au soutien, viennent des personnes de qui probablement je n’ai pas l’honneur d’être connu, qui, peut-être, ne sont pas fort au fait de l’Inde, j’aurois tort de m’en formaliser. Il est en effet assez singulier qu’une poignée d’Européens, comme nous étions, ait pu se soutenir pendant quatre ans dans les pays que nous avons parcourus ; cela sent un peu l’aventure ; mais il est nécessaire que je