Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/65

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réponde à ce qu’on pense que j’aurois du faire.

Me rendre prisonnier et ne pas exposer la vie de tant d’hommes. Je crois de bonne foi que mon intérêt particulier ne s’en seroit pas mal trouvé ; j’avois des facilités, j’avois des amis dans le Bengale, je me serois en peu de temps dédommagé de pertes que j’avois faittes ; mais le public auroit-il été satisfait ? Il voit clair quelquefois, il se plait à éplucher la conduite des uns et des autres. Suposons, ce qu’il étoit naturel de croire, qu’un général françois fut venu dans le Bengale quelques mois après la prise de Chandernagore, il auroit appris que le commandant de Cassembazard ayant à sa disposition une centaine d’Européens et quelques sipayes avoit mieux aimé à se rendre prisonnier que de profiter des occasions qu’il pouvoit avoir, ou de soutenir son parti ou de se retirer. Les officiers, les soldats n’auroient pas manqué de déposer contre lui, et je crois avec raison. Je demande si ma qualité de conseiller auroit imposé silence. Ceux qui prescrivent aujourd’hui ce que je devois faire auroient-ils pris ma défense dans la procédure criminelle qu’on m’auroit faite subir ?

Il falloit donc, ajoute-t-on, chercher à vous rendre à Pondichery. Mais quelle preuve a-t-on que mon intention n’ait pas été d’y aller ? Je ne voulois pas, il est vrai, y aller seul, abandonner ma petite troupe ; si j’avois pris ce parti, la suite prouvera qu’il ne seroit pas venu dix hommes