Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/66

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à Pondichery des cent qui étoient avec moi.

On peut voir par ce que j’ai écrit dans le tems, et cela est connu de tous les officiers, que le nabab Souradjotdola vouloit d’abord m’obliger à me rendre aux Anglois, que sur mes vives représentations il m’accorda la liberté d’aller où je voudrois. Je n’avois que deux chemins pour me rendre à Pondichery ; l’un qui prenoit dans le sud par Mednipour, mais par là je tombois entre les mains des Anglois qui, assurément, m’auroient attendu au passage ; l’autre conduisoit à Patna, d’où je pouvois gagner Agra, et de là, en suivant le grand chemin, tomber dans l’armée de M. de Bussy qui étoit dans le Dekan, c’est celui que je pris ; on peut même voir par mes lettres, qu’étant à Agra en mai 1758, mon dessein étoit d’aller joindre M. de Bussy, ce que j’aurois fait très certainement sans les lettres de M. de Leyrit, gouverneur général, qui portoient que je devois rester à Eléabad, où il me croyoit encore ; ma position ne pouvoit être, disoit-il, plus avantageuse, vu l’arrivée prochaine de M. de Lally, et d’une escadre qui ne devoit pas tarder à paroître dans le Bengale.

J’avouerai, cependant, qu’en allant du côté de Patna, mon idée n’étoit pas uniquement de me rendre à Pondichery ; ce ne devoit être que mon pis aller. J’étois hors d’état de rien faire pour moi-même ; j’étois trop foible, mais je connoissois un peu le pays, et j’avois assez entendu parler des intérêts des diverses puissances qui le partagent