Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/78

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seul privilège accordé par Aurengzeib à une seule famille ; on sait qu’Aurengzeib après bien des peines vint à bout de réduire une partie des rajas qui partageoient le Dekan[1] ; il y avoit déjà six mois, dit l’histoire, que son armée étoit devant la forteresse de Doltabad (Daulatabad) sans pouvoir s’en rendre maître, lorsqu’un jeune homme de la plus belle figure qui étoit prisonnier dans le camp de Aurengzeib, vint lui parler, et lui promit que sous peu de jours, il le rendroit maître de la place. Son nom étoit Sivadjy fils d’un raja du côté de Gingygin, qui, après avoir perdu son pays, s’étoit réfugié chez le raja de Satara dont il avoit épousé la fille. Ce jeune seigneur avoit déjà acquis l’estime de son vainqueur par les actions de valeur qu’il lui avoit vu faire. Aurengzeib le mit aussitôt en liberté, et lui permit d’aller dans la forteresse. Sivadji fit si bien par ses intrigues, qu’au bout de huit jours il engagea le commandant de la place à se rendre. Aurengzeib qui étoit sur le point de lever le siège, crut devoir récompenser un service aussi grand. Il reconnut Sivadji pour raja de Satara, dont il devoit hériter par sa mère, et lui donna le droit du quart (ce qu’on nomme chote) sur les revenus d’une partie des terres de l’empire dans le Dekan, mais sous condition qu’il se

  1. C’étoit du tems de Chadjehan, avant qu’Aurengzeib se fût emparé du trône ; Sevadji est un héros gentil dont on s’est plu à orner l’histoire de quantité d’anecdotes dont il est très permis de douter.