Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/90

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sition ou du moins à celle des soubahdars. On ne donnoit autrefois les gouvernemens qu’à des mahometans ; aujourd’hui on voit beaucoup de ces postes remplis par des gentils qu’on décore du titre de rajas, parce qu’on a sans doute éprouvé qu’on étoit sur de leur fidélité, et parce qu’en effet le gentil moins distrait par ses plaisirs que le mahométan[1], s’adonne plus volontiers au travail, et devient plus capable d’un grand détail. Presque tous les divans ou ministres des vicerois sont gentils, et en général de tous ceux qui ont quelque emploi, c’est de ces premiers divans, gens consommés dans les affaires par une longue expérience, qu’on tire souvent des rajas de nouvelle fabrique pour le gouvernement des provinces. Les soubahdars les préfèrent même à leurs parents, dont la conduite n’est jamais à couvert du soupçon. Les provinces sont divisées en parganas plus ou moins grands, parmi lesquels il y en a plusieurs donnés par le prince à titre de fiefs, pour l’entretien de certains officiers, mais réversibles au domaine à la mort des sujets à qui ils ont été donnés, à moins que le prince ne juge à propos de les continuer dans les familles ; c’est ce que l’on nomme djaguirs ; les autres parganas sont distribués à des zemindars qui en ont plus

  1. Le Mahométan se regarde comme guerrier ; en cette qualité il dédaigne d’entrer dans le détail de toutes les affaires qui n’y ont point un rapport direct ; elles sont abandonnées aux Gentils.