Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/93

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la confusion dans laquelle l’empire est tombé. Mais on a vu des tems plus heureux ; d’ailleurs le cas n’est pas général chez tous les rajas qui se regardent comme propriétaires des terres qui sont entre leurs mains ; le peuple est heureux ; il l’est aussi dans quelques endroits où le Mogol a l’autorité.

Pour m’en tenir au gouvernement tel qu’il est aujourdhui, je conviens qu’il est parfaitement semblable à celui d’un état, dont toutes les parties veulent se détacher. Chaque soubahdar reconnoit bien un empereur dont il se dit esclave, mais ce n’est que sur sa chape[1], ou dans les lettres qu’il a occasion d’écrire. Du reste, il agit comme s’il étoit tout à fait indépendant, ne paye point de revenus ; on diroit qu’il n’attend que l’occasion de secouer le joug et de se faire couronner ; c’est une anarchie dans laquelle l’empire est tombé depuis l’invasion de Nadercha, et dont le principe est bien antérieur ; il est fondé, comme dit je crois, M. de Voltaire, dans le despotisme même qui détruit tout, et devient enfin son propre destructeur.

Dans quelque état que ce soit, il n’est guère

  1. Cachet sur lequel est gravé le nom du soubahdar et ses titres ; il y en a de diverses grandeurs ; le cachet privé est ordinairement sur une bague que le seigneur porte à son doigt. Il y a parmi les Gentils des cachets ou chapes, qui, au lieu d’écriture portent l’empreinte de quelque figure d’animaux, souvent imaginaire, mais le cachet ordinaire est en écriture.