Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/92

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l’Europe, à moins que ce ne soit dans le cas de trouble et de révolution. Il est même de l’intérêt d’un zemindar de le ménager pour attirer de nouveaux habitans et empêcher la désertion, car, dans toute l’Inde, on est maître de quitter sa place quand on ne s’y plaît pas. Le pauvre habitant ou laboureur en payant exactement ce qu’il doit au gouvernement, peut vendre et disposer de son bien comme il lui plaît. Il est plus sûr de laisser en mourant sa maison et son champ à sa famille qu’un fodjedar ou gouverneur n’est sûr de laisser la valeur d’un écu. Tout l’héritage de ceux qui meurent feudataires de l’empire est confisqué par le gouvernement qui laisse ordinairement une petite portion à la famille ; les biens de ceux qui ne sont pas feudataires vont de droit aux héritiers ; mais s’ils sont considérables on cherche tant de chicannes que l’héritier n’en a qu’une partie. En général, on en veut plus au grand qu’au petit, et la plus grande attention du gouvernement paroit avoir été moins de rendre le peuple esclave que d’empêcher les familles de devenir riches et puissantes. Si le soubahdar d’une province est un tyran qui, pour s’enrichir, s’embarrasse peu d’opprimer le peuple, pour lors, il est vrai, il faut bien que ce peuple souffre. Les zémindars poussés à bout, deviendront naturellement des sangsues par le moyen desquels le soubahdar tirera toute la subsistance de la nation. C’est assez le cas où l’on se trouve aujourd’hui par