l’homme et de la nature, est éminemment nécessaire à tous les peuples. L’homme auquel elle a été dévoilée dans l’initiation et qui entreprend de la revoiler, pour la rendre visible à tous les yeux, palpable à toutes les mains, doit se préoccuper de choisir des symboles, des allégories, des mythes, qui soient en rapport avec les mœurs, la nature, les connaissances du peuple qu’il aspire à doter du bienfait précieux de la Vérité. Sans cela, la révélation ne révélerait rien à l’intelligence ni au cœur ; de plus, s’il est quelque chose capable d’enniaiser un homme et d’en faire un parfait crétin, c’est de mettre sur ses lèvres et devant ses yeux des symboles dont il ne saisit pas le sens, car, quand on commande à l’intelligence de conserver en sa mémoire des choses incompréhensibles, on impose inévitablement à l’esprit l’ordre de se suicider[1].
Nous avons posé en principe qu’au commencement du monde le péché avait animalisé l’homme en enveloppant l’âme d’organes finis et matériels pouvant la mettre en rapport avec les créatures finies de la terre, mais trop bornés pour lui permettre d’être, comme avant sa chute, en rapport direct avec son Dieu. De là, la lutte de l’initié contre chacun des éléments de la Nature, soulevés contre l’homme déchu : la terre, dont il triomphe en pénétrant dans son sein ; l’eau, en la traversant ; le feu, en y passant ; l’air, en y demeurant impassiblement suspendu : de là aussi, le combat avec sa chair que, par le jeûne et la chasteté, il réduit en servitude ; enfin la renaissance de son âme à la puissance et à la lumière de la vie[2].
Quelques mois avant sa mort, Delaage voulut donner à un autre la graine qui lui avait été confiée et dont il ne pensait pouvoir tirer aucun fruit. Pauvre dépôt, constitué par deux lettres et quelques points, résumé de cette doctrine de l’initiation et de la trinité qui avait illuminé tous les ouvrages de Delaage. Mais l’Invisible était là, et c’est lui-même qui se chargea de