Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/29

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déjà en grande partie à la Lithuanie. Lorsque celle-ci s’est unie au royaume de Pologne, les provinces russiennes partagèrent le même sort.

Outre la parité de race entre les Polonais et ces habitants des provinces en litige, continue Schédo-Ferroti, on a essayé de fonder les prétentions du parti ultra-patriotique sur le principe de parité entre les convictions religieuses, en affirmant que la population de ces provinces, à l’instar de celle de la Grande-Pologne, était catholique, apostolique et romaine.

Ici encore la supériorité numérique est du côté des orthodoxes grecs, qui comprennent presque les deux tiers de la population de ces provinces. À l’exception de Vilno[1], où le peuple est lithuanien et non pas polonais, les adhérents de l’Église orthodoxe grecque sont partout plus nombreux que les catholiques ; dans deux provinces, Mohilev et Kiev, il y a même trois fois plus de juifs que de catholiques (p. 95).

Schédo-Ferroti semble avoir oublié qu’il n’y a pas très longtemps encore, la supériorité numérique était du côté des catholiques ; qu’outre les latins, il y avait près de 2 millions de catholiques du rite grec, et que cette Église unie avait été encore plus nombreuse lors du partage de la Pologne. Maintenant que l’Union n’existe plus officiellement dans les provinces de l’Ouest, on aurait mauvaise grâce, sans doute, à prétendre que les catholiques surpassent en nombre les orthodoxes. Il est même fort douteux qu’il se trouve des gens qui puissent s’illusionner à ce point, à moins qu’ils ne tiennent pour catholiques les anciens grecs unis, malgré leur passage au schisme. Dans ce cas, ils mériteraient le même reproche que ces prétendus orthodoxes qui regardent les grecs unis comme leurs coreligionnaires et s’étonnent de les voir figurer sur la liste des catholiques. Le nombre de gens qui se font de pareilles idées sur les choses les plus simples de la religion est plus considérable qu’on ne le croit, et ce ne sont pas toujours les moins instruits qui pensent ainsi[2].

  1. Sous ce nom, l’auteur comprend aussi le gouvernement de Kovno.
  2. Qu’il me soit permis de produire ici les raisonnements par lesquels un écrivain russe a motivé cette étrange opinion. Dans sa Statistique comparée de Russie, 1871, M. Pavlov, en énumérant les catholiques, a compris dans leur nombre les 200,000 grecs unis du diocèse de Khelm, dans le royaume de Pologne. Un écrivain de la Causerie (Besieda), revue panslaviste de Moscou, en fut fort scandalisé. « Apparemment, écrit-il, l’auteur de la Statistique ignorait que les uniates russes communient sous les doux espèces et ont des prêtres mariés ; que les offices divins se font chez eux en vieux slavon d’après le rite et les usages de l’Église « ortho-