Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/30

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Cela nous amène à examiner de plus près le principe de nationalité et de déterminer la place qu’il doit occuper dans la question de la russification du culte catholique.


Trois choses concourent puissamment à former une nationalité : la communauté de la langue, celle de la foi et enfin celle de la civilisation. C’est ce qui eut lieu dans les provinces de l’Ouest, et d’autant plus facilement qu’il n’y avait aucune disparité de race entre les peuples indigènes, sans excepter les Lithuaniens, que certains ethnographes considèrent même comme une branche aînée des Slaves. Nous voyons s’établir entre ce peuple d’une part, les Russes et les Polonais de l’autre, une certaine communauté de langue, de religion et de mœurs. D’abord, en ce qui concerne la langue, le polonais devint la langue habituelle de l’administration, de l’école, de la vie privée, et cela non seulement, dans les hautes classes des Russes ou des Lithuaniens, mais encore parmi les gens du peuple et même parmi le clergé hétérodoxe. L’idiome blanc-russien subit une si forte influence de la langue dominante, que le fameux grammairien Gretch, dont le nom faisait jadis autorité, le considérait comme une nuance, une variation du polonais.

D’après Schleicher[1], qu’une mort prématurée a enlevé à la


    doxe » (donc les grecs unis sont orthodoxes (!), à cette exception près qu’au lieu de prier pour le synode, comme cela se fait dans l’Eglise orthodoxe, leurs prêtres prient pour le très saint Père le pape de Rome. (Bagatelle !) L’auteur paraît ne pas avoir été bien renseigné sur le compte des unis ; autrement il n’aurait pas séparé de l’orthodoxie ceux qui s’en étaient séparés non pas en vertu d’une protestation, ainsi que l’ont fait les rascolniks, mais sous la pression inexorable du joug « nobiliaire et jésuitique. » (1871, t. X, section Nouveaux livres, p. 49.)

    Ce docte théologien de la revue panslavisie (l’article est signé : Zavadskii-Krasnopolski) aurait besoin d’être instruit bien plus que l’auteur de la Statistique comparée, qui a parlé très correctement ; il aurait mieux fait de s’occuper de chiffres, et de ne pas toucher aux questions dont évidemment il ignore les premiers éléments. Rien n’est plus commun cependant parmi les Russes que de tenir les catholiques du rite grec pour orthodoxes, uniquement parce qu’ils ont le même rite que l’Eglise russe et malgré leur croyance à la primauté du pape, chef de l’Eglise et vicaire de Jésus-Christ ; comme si la diversité du rite constituait celle de la religion. Si les savants pensent de la sorte, que ne doit-on pas attendre des masses !

  1. Les langues de l’Europe moderne, trad. par H. Ewerbeck, p. 260, Paris, 1852. Schleicher y a suivi l’auteur des Antiquités slaves, le célèbre Schafarik. Je regrette