Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/49

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prières publiques et les chants s’y font toujours en samogitien, ainsi que les sermons que prêchent des prêtres sortis presque exclusivement du sein de la nation samogitienne. Cela n’empêche pas le Samogitien de montrer à l’égard de tout ce qui est russe et « orthodoxe » plus d’hostilité que n’en témoignent peut-être les Lithuaniens avec leur langue polonaise. C’est que le catholicisme est à ses yeux la seule religion véritable et que le schisme et l’hérésie lui inspirent une profonde aversion qu’il exprimera en n’importe quelle langue, — ce qui est parfaitement vrai.

Ajoutez que, d’après M. Derevitski, dans les provinces nord-ouest, les deux tiers de la population catholique romaine sont composés de Samogitiens et de Lithuaniens qui ne font pas usage du polonais. La mesure dont il s’agit n’atteint donc qu’imparfaitement le but qu’on se propose, en substituant au polonais le russe ; elle ne concerne que le dernier tiers de la population catholique parlant le ruthénien et obligée d’apprendre le polonais afin de pouvoir comprendre, en partie au moins, les offices qui se font à l’Église.

Après l’exemple des Samogitiens vient celui des jésuites, qui aurait mieux trouvé sa place dans la seconde partie du mémoire où l’auteur montre les dangers de la propagande catholique s’exerçant au moyen de la langue russe ; dangers qui nous paraissent exagérés, ainsi que nous le dirons plus loin.

L’exemple de l’Union, qui ne diffère du catholicisme romain que par le rite est plus heureux. M. Derevitski prétend que les Grecs-Unis ont rendu aux Polonais des services signalés, tandis que son censeur, la Gazette de Moscou, voit en eux des auxiliaires de la cause russe et attribue à la langue slavone, dont les Grecs-Unis se servent dans les offices de l’Église, la facilité avec laquelle ils ont passé à l’Eglise dominante du temps de l’empereur Nicolas.

Tout le monde sait aujourd’hui ce que cette facilité a coûté à ceux des Grecs-Unis qui voulaient persévérer dans la soumission au Saint-Siège, et ce qui leur en coûte encore de nos jours dans le diocèse de Khelm.

En soi, l’Union n’est pas plus hostile à la Russie que ne l’est le catholicisme romain, puisque c’est la même religion ; mais il