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Page:Martins - Des lemmings (1840).djvu/5

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I. Patrie et terriers des Lemmings.

Olaüs Magnus affirme sérieusement que ces animaux tombent du ciel, soit que des orages les apportent de quelques îles éloignées, soit qu’ils les engendrent eux-mêmes. Cette fable fut reproduite par Leemius et surtout par Wormius[1], qui rapporte des faits pour lui donner la consistance d’une vérité démontrée. Une femme, dit-il, étant assise devant sa porte, un Lemming tomba sur ses genoux. Deux de ces animaux tombèrent dans un bateau au milieu de la mer. Le même auteur s’appuie sur des exemples de pluies de Grenouilles, de Lombrics, d’Écureuils et d’Hermines. Thomas Bartholin partageait l’opinion de son ami Wormius ; car, ayant préparé pour lui un squelette de Lemming, il mit au dessous le distique suivant :

Qui pluit ex cœlo repetit vestigia cœli ;
Hoc opus est Wormi, quod fuit ante Jovis.

Cette erreur fut réfutée d’abord par Linné, puis par Gunnerus. Dans le Nordland, ce dernier a vu aussi tomber du ciel deux Lemmings et un Hérisson ; mais il aperçut chaque fois, au dessus de sa tête, les oiseaux de proie qui les avaient enlevés. Il ajoute qu’on peut très-bien admettre qu’un Lemming échappe, en se débattant, aux serres d’une Corneille ou d’une Pie : quant à ceux qui sont tombés dans un bateau, ils l’avaient escaladé comme cela s’est souvent renouvelé depuis.

On conçoit, toutefois, que ces fables aient pris naissance quand on réfléchit que les Lemmings se montrent de temps à autre en troupes innombrables pendant une année ; puis semblent disparaître totalement pendant huit à dix ans. Plusieurs membres de la commission du Nord traversèrent le grand plateau de la Laponie en septembre 1838. Ils n’aperçurent pas un seul Lemming ; l’année suivante, à la même époque, nous les vîmes presque sans interruption depuis Bossecop (lat. 70°) jusqu’à Muonioniska (lat. 67°, 55′). Un de nous, M. Siljestroem,

  1. Loc. cit., p. 27.