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LA LANGUE DE LA PLÉÏADE

tout rempli d’une incontestable reconnaissance (I, 34) : « Ian le Maire de Belges, me semble auoir premier illustré et les Gaules, et la Langue Françoyse : luy donnant beaucoup de motz et manières de parler poëtiques, qui ont bien seruy mesmes aux plus excellens de notre Tens. » Le jugement paraît si juste à Pasquier qu’il le reproduit presque dans les mêmes termes (Recherches, VII, 5, col. 699, éd. 1723) : « Le premier qui à bonnes enseignes donna vogue à nostre Poésie, fut Maistre Iean le Maire de Belges, auquel nous sommes infiniment redevables, non seulement pour son livre de l’Illustration des Gaules, mais aussi pour avoir grandement enrichy nostre langue d’une infinité de beaux traicts, tant Prose, tant que Poësie, dont les mieux escrivans de nostre temps se font sceu quelquesfois fort bien aider. »[1].

Quand, dans l’avis Au Lecteur des Odes, Ronsard nous confie, avec toute l’outrecuidance de la jeunesse, « l’ardant désir » formé par Du Bellay et lui « de reueiller la Poësie Françoyse auant nous, dit-il, faible, et languissante », il fait cependant cette réserve : « Ie excepte tousiours Heroet, Sceue, et Saint Gelais » (II, 475). Il aurait eu mauvaise grâce, en effet, à méconnaître Maurice Scève, qui, avant lui et plus que lui, se montra un hardi novateur, et dont un peu plus tard Vauquelin de la Fresnaye, dans son Art poëtique, invoquait l’autorité pour légitimer les hardiesses de la nouvelle école (l. I, p. 12) :


… seroit ce raison qu’à Thiard fust permis,
Comme à Seue d’auoir tant de mots nouueaux mis

  1. « Un Projet d’enrichir, magnifier et publier la Langue française en 1500 » (par Claude Seyssel). Article de M. Brunot, Revue d’Histoire littéraire de la France (I, p. 27)

    Voy. Thibaut, Marguerite d’Autriche et Jean Lemaire de Belges. Paris, Leroux, 1888, 8o ».