termes barbares empruntés du langage de l’école, tels que protase, agnition, catastase, de ces mots que Molière, quelques années plus tard, place dans la bouche de M. Lysidas et fait railler par Dorante[1] ; enfin, il ne sait pas se garantir complètement des expressions des précieuses, qui se montrent, à de longs intervalles, mais d’une manière fort marquée, jusque dans ses tragédies[2].
De tout temps, du reste, les grands poètes ont parlé, et souvent en maîtres, des sciences et des arts ; et plus d’un savant, plus d’un amateur laborieux a recueilli dans leurs œuvres des témoignages et des exemples. C’est ainsi que Millin a écrit la Minéralogie homérique ; M. Malgaigne a écrit l’Anatomie et la physiologie d’Homère, sujet que dernièrement M. Daremberg a étendu et complété ; M. Menière, des Études médicales sur quelques poètes anciens et modernes ; M. Jal, le Virgilius nauticus ; M. Castil-Blaze, Molière musicien.
Corneille prêterait aussi à ces ingénieuses recherches : en mainte occasion, il emploie hardiment le mot propre. S’agit-il de l’arrivée des Maures, dans le Cid ? Il nous apprend qu’ils ancrent, tout comme l’eût fait un marinier de Rouen, racontant un événement du même genre ; ailleurs il se sert de l’expression prendre port, fort blâmée par Voltaire, qui objecte que ce n’est pas là un mot poétique. Est-il question d’art militaire ? il parle d’ordonner une armée, de quitter la campagne, de décamper, et Voltaire lui reproche encore ces tournures, toujours par le même motif. Scudéry, au contraire, si vain de ses connaissances spéciales, se plaint de ce que Corneille n’a pas écrit dans un style assez rigoureusement technique, et ne lui pardonne pas d’avoir appliqué le mot brigade à une troupe de plus de cinq cents hom-