l’expression, ce que l’idée a de choquant. Il faut reconnaître néanmoins que certaines de ces libertés de langage témoignent plutôt de la simplicité des mœurs de cette époque que de leur corruption ; les jeunes filles traitent ouvertement d’amants ceux qui les courtisent ; elles les tutoient jusque dans Horace et le Menteur, sans que cela excite un sourire ; enfin Corneille employait, même dans la tragédie, l’expression faire une maîtresse, que nous voyons employée par Corneille même dans la tragédie, s’applique à une recherche honorable, et ne sent nullement le libertinage. Ce dernier mot, et celui de libertin, n’avaient pas le même sens que nous leur donnons aujourd’hui ; ils désignaient seulement une certaine indépendance, une liberté plus ou moins grande dans la manière de penser ou d’écrire ; notre auteur ne les emploie que comme termes de poétique.
Le vocabulaire de la galanterie était dès lors très étendu et très raffiné. Ce n’est pas Bélise qui a inventé d’appeler les yeux des truchements ; cette expression paraît dans Mélite et se trouve encore dans Suréna ; quant au mot objet, on le rencontre à chaque instant, non seulement pour signifier la personne aimée elle-même, mais pour désigner son apparence extérieure, son aspect, son image :
… Angélique est fort dans ta pensée.
— Hélas ! c’est mon malheur ; son objet trop charmant,
Quoy que je puisse faire, y règne absolument.
Ces termes viennent pour la plupart de l’Astrée, où on lit aussi particulariser une personne, en faire sa particulière dame, tournure qui a donné naissance à l’expression ma particulière, encore fort en usage tout au moins dans nos régiments.
Non content de se servir de ces termes dans la