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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

sont comparées tout à la fois à des combats et à des discussions judiciaires :

Ce ne sont que procès, que querelles d’un jour,
Que trêves d’un moment, ou quelque paix fourrée[1].

Il arrive assez souvent à notre poète de mêler les termes du Palais à ceux de la galanterie.

Dans une relation de la fête de Vaux adressée à M. de Maucroix, il dit en parlant de la pièce des Fâcheux : « Tout cela fait place à la comédie, dont le sujet est un homme arrêté par toutes sortes de gens sur le point d’aller à une assignation amoureuse[2]. » Ici encore La Fontaine a suivi l’usage général de son temps, et Furetière rapporte, dans son Dictionnaire, plusieurs exemples analogues à celui que nous venons de citer. Il serait plus difficile de trouver à cette époque le moi semonce employé dans le sens que lui donne notre auteur dans les vers suivants :

De tous côtés se trouvant assaillie,
Elle se rend aux semonces d’Amour[3].

Ce mot revient plusieurs fois dans les œuvres de notre poète. Lorsqu’il nous raconte les efforts du roi d’Ithaque pour rendre à ses compagnons leur forme première, il nous dit :

Ulysse fit à tous une même semonce[4].

On voit déjà par ces passages que le meilleur équivalent de semonce est avertissement.

Toutes les significations particulières peuvent être rapportées à ce sens. Que le mot exprime l’invitation à

  1. L’Eunuque, acte, I, sc. i, 52.
  2. 22 août 1661. Tome II, p. 691.
  3. Liv. II, c. V, 228.
  4. Liv. XII, fab. i, 33.