« Charles va à Roussillon avec gent privée qu’il n’eut requise ni mandée de loin. »
Mais comme depuis quelque temps cette étymologie est oubliée ou révoquée en doute, il n’est peut-être pas inutile d’examiner sur quels motifs se fondent les philologues qui la combattent.
M. Génin s’exprime ainsi à ce sujet dans son Lexique de la langue de Molière :
« M. Auger dérive semondre de submonere, à tort, selon moi. Il a pris cette étymologie dans Nicot, où il aurait fallu la laisser cachée.
« La racine de semondre me paraît sermo ; semondre serait alors une forme primitive de sermonner. L’r s’éteignait dans la prononciation, pour éviter deux consonnes consécutives : sermonner, semoner, semonre, enfin semondre, avec un d euphonique comme dans pondre tiré de ponere, dans moudre, de molere (moul[d]re). Si l’on veut que semondre vienne de monere, il faudra expliquer d’où vient la syllabe initiale se. On ne peut admettre qu’elle représente le latin sub ; il n’y en aurait pas d’autre exemple.
« On trouve dans Nicot semonneur, vocator, monitor ; n’est-ce pas le même mot que sermonneur ? Celui qui fait des sermons et celui qui donne des semonces, n’est-ce pas tout un ? »
Ces objections ne sont pas aussi fortes qu’elles le paraissent à première vue ; il est facile d’y répondre.
D’abord, l’étymologie dont il s’agit, n’a jamais été cachée ; elle a pour elle, non seulement Nicot, mais du Cange, Ménage, Furetière et Raynouard ; ensuite, quand il ne serait pas impossible de considérer semondre comme une forme primitive de sermonner, le sens même ne s’y prêterait pas. Jamais sermonner n’a pu vouloir dire avertir, inviter, et c’est, comme nous l’avons vu, la signification primitive, et même aujourd’hui la seule, du