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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

On comprend que le mot dont il s’agit, soit assez rare chez nos bons écrivains, qui ont eu fort rarement occasion de l’employer. Nous le rencontrons toutefois dans le glossaire de l’édition des Œuvres de Rabelais publiée chez Ledentu en 1835, et dans l’Histoire universelle de d’Aubigné[1]. Si l’on veut en trouver de nombreux exemples, c’est à nos vieux ouvrages d’économie rurale et de médecine qu’il faut les demander ; ils en fournissent à chaque instant.

On lit dans un passage du Ménagier de Paris, où il est question de la manière de dresser l’épervier : « Tenez-le adonc en place si paisiblement qu’il n’ait cause de soy débatre sur sa gorgée, car il seroit en aventure de la gecter, ou se vous n’avez loisir de le tenir sur le poing en place convenable et paisible, si le perchiez en lieu paisible où il voie gens, chiens et chevaulx, etc., et ne voie point pigons ne autre poulaille[2]. »

Le chemin de povreté et de richesse, poème composé par Jean Bruyant et reproduit intégralement dans l’ouvrage que nous venons de citer, renferme les vers qui suivent :

Aussi bien me sentis-je peu
Comme s’à feste eusse été
Ou j’eusse eu à grant planté
Mouton, buef, poulaille et paons[3].

Le plus difficile est de bien déterminer l’étendue de la signification de ce terme. Nous venons de voir les pigeons compris par le Ménagier dans la poulaille ; Ambroise Paré les en sépare dans le passage suivant : « Les pigeons, tourterelles et poulailles, pour se purger, mangent de la paritoire[4]. » Souvent, il restreint beaucoup le sens de ce mot :

  1. V. II, tome II, p. 312 ; 1616–1620, in-fol.
  2. Distinct. III, art. II, tome II, p. 304.
  3. Distinct. II, art. I, tome II, p. 38.
  4. II, i, p. 46.