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REMARQVES SVR L’ORTHOGRAPHE FRANÇOISE

Cette façon de l’étudier valait certes bien la nôtre ; mais tandis que les curieux cherchaient, que les gens d’esprit raffinaient, que les savants discutaient, le public était bien embarrassé et ne savait qui suivre, non seulement dans les questions épineuses, mais dans celles qui, aujourd’hui, nous paraissent élémentaires, et, faut-il le dire ? même pour l’orthographe.

Ce que nous entendons maintenant par ce terme, c’est-à-dire la convention en vertu de laquelle tous les gens instruits écrivent les mêmes mots de la même manière, était alors chose inconnue et impraticable, et le plus grand puriste du monde, écrivant sur la langue, ne pouvait pas être sûr de rester d’accord avec lui-même d’un bout de son volume à l’autre[1].

Cette incertitude de l’orthographe fut le premier et le plus grand obstacle que rencontra l’Académie et celui qu’elle s’efforça d’écarter tout d’abord. Sur la proposition de Mézeray, elle résolut de convenir des règles qu’elle adopterait, et le célèbre historien fut chargé de rédiger un petit traité sur ce sujet.

Le manuscrit de son travail, accompagné des réflexions de plusieurs membres des plus illustres de la compagnie, a été conservé au Département des imprimés de la Bibliothèque Impériale jusqu’en 1860[2] ; transféré alors au Département des manuscrits, il y est inscrit actuellement sous le no 9187 du fonds français.

On ne peut nulle part se faire une idée aussi juste de ce qu’étaient les conférences philologiques des académiciens du xviie siècle.

Les factums de Furetière, qui renferment d’ailleurs

  1. Voyez l’avis qui suit la Préface de la première édition des Remarques de Vaugelas.
  2. À cette époque M. Richard, conservateur-adjoint de la Bibliothèque impériale, fut assez bon pour me le signaler, et je publiai, le 31 mai 1860, une petite notice sur ce volume dans l’Ami de la Religion.