Page:Marty-Laveaux - Études de langue française, 1901.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
REMARQVES SVR L’ORTHOGRAPHE FRANÇOISE

n’adopte pas rigoureusement l’orthographe ancienne :


On ueut suiure dit on lancienne orthographe (art. I) et cependant on la condamne ici et ailleurs une infinité de fois. Ueut on écrire recebuoir ; deub ; nuict, etc ? On les reiette. Ce n’est donc pas lancienne orthographe qu’on ueut suiure, mais on ueut suiure lusage constant et retenir les restes de l’origine et les uestiges de l’antiquité autant que l’usage le permettra.


Une remarque spéciale des Résolutions de l’Académie, qui, malgré les critiques auxquelles elle a donné lieu, a été conservée presque textuellement dans les Cahiers imprimés, blâme de la sorte une de ces tentatives de réformes orthographiques sans cesse renouvelées depuis le xvie siècle :


C’est une vilaine et ridicule orthographe d’escrire par un a ces syllabes qu’on a toujours escrites en et ent, par exemple d’orthographier antreprandre, commancemant, anfant, pansemant, etc.[1]


Regnier des Marais regrette qu’on s’en soit occupé.


Cette remarque est inutile (dit-il), j’aimerois autant faire des remarques contre la façon d’écrire que Ramus voulut introduire.


Bossuet, plus grammairien en cette circonstance que Regnier lui-même, est d’avis qu’on s’arrête un instant sur ce point :


Il y a pourtant ici quelques regles a donner pour l’instruction. La regle la plus generale c’est de retenir en partout ou il y a en ou in en latin, comme dans in, intra et leurs composez ; cependant dans les participes qui ont ens en latin on ne laisse pas de dire en françois lisant, peignant, oyant, feignant, etc. et de mesme pour les gérondifs legendo, patiendo, en lisant, en pâtissant, paroissant, etc. : Les mesmes participes deuenant adiectifs reprennent l’e, comme intelligens, intelligent, patiens, patient, negligens, negligent et ainsi des autres ; on pourroit donc donner pour regle que tous les participes et gerondifs ont ant, que tous les adverbes et noms en mant s’escriuent ment parce que les noms semblent uenir de quel-

  1. Fol. 37, recto.