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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

X

L’orthographe aura son traité à part.

Elle a d’ailleurs dans notre pays une importance capitale, et elle est, aux yeux de bien des gens, le seul signe certain d’une bonne éducation. Faciles et indulgents pour tout le reste, ils se montrent intraitables sur ce point. Ils ne se contentent pas de voir un mot écrit suivant l’usage habituel ; ils tiennent à ce que cet usage soit sanctionné par le Dictionnaire de l’Académie française ; encore ne font-ils cas que de la dernière édition de ce livre.

Ne craignez pas d’ailleurs qu’ils poussent la chose plus loin et entreprennent de discuter cette orthographe si chaleureusement imposée ; ils ne connaissent même pas les principes sur lesquels elle repose ; tout ce qui touche à la philosophie du langage, à son histoire, leur est étranger ; leur pédantisme est, comme presque tous les pédantismes, celui de l’ignorance. Ce n’est que depuis peu que cette singulière intolérance trouve occasion d’éclater.

Au xviie siècle on pouvait, sans crime, écrire et même faire imprimer un mot de plusieurs manières ; et l’orthographe était encore tellement flottante, entre plusieurs systèmes divers et parfois opposés, que beaucoup d’écrivains avaient soin d’indiquer en tête de leur ouvrage celui qu’ils désiraient suivre.