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Philosophie épicurienne. Deuxième cahier



[Extraits de Diog. X 72-77] Ici se trouve le principe du pensable, qui sert d’une part à affirmer la liberté de la conscience de soi, et d’autre part à attribuer au Dieu la liberté à l’égard de toute détermination. [Extrait de Diog. X 78] Épicure se prononce en outre (p. 56-57) contre l’attitude consistant à se borner à contempler avec étonnement les corps célestes ; il la dénonce comme une attitude qui borne l’homme et lui inspire la crainte : il fait prévaloir la liberté absolue de l’esprit.


[Extraits de Diog. X 80-81]

[La philosophie épicurienne des Météores]


Épicure répète au début de son traité sur les météores que le but de cette γνώσεως[1] est l’ἀταραξίαν καὶ πίστιν βέβαιον, καθάπερ καὶ ἐπὶ τῶν λοιπῶν[2] [Diog. X 85]

Mais la considération de ces corps célestes se distingue aussi essentiellement de l’autre science.[Extrait de Diog. X 86]

Il est important pour l’ensemble de la conception d’Épicure que les corps célestes, en tant que monde suprasensible, ne puissent prétendre au même degré d’évidence que l’autre monde, le monde moral et sensible[3]. C’est à leur sujet qu’entre en vigueur la doctrine épicurienne de la disjonction, selon laquelle il n’y a pas de aut aut(ou bien, ou bien) ; la détermination intérieure est donc niée et le principe du pensable, du représentable, du hasard, de l’identité

  1. . Connaissance.
  2. . L’ataraxie (absence de trouble) et une solide confiance intérieure, de même que pour tout le reste.
  3. . Il s’agit en effet de réduire à l’impuissance les corps célestes, considérés, à l’inverse du monde terrestre, comme l’ennemi de l’homme. Ce texte montre formellement que le monde d’Épicure est la projection de sa conscience. Moins qu’un matérialisme théorique, sa philosophie est une éthique purificatrice, dégageant la conscience de sa gangue d’illusions.