Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/125

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bien Esse deum auctorem mundi, contra Epicurum, p. 701-738 ; gereredeum hominum curam, contra Epicurum[1], 738 à 751, etc., cf. Feuerbach, Histoire de la philosophie moderne : Pierre Gassendi, p. 127-150), n’a absolument pas compris Épicure, et qu’il est encore moins capable de nous en instruire. On ne trouve chez Gassendi que la tendance à nous faire prendre des leçons d’Épicure et non à nous en donner sur lui. Quand il brise cette logique de fer, c’est pour ne pas se brouiller avec ses présuppositions religieuses. Ce combat est ce qui est important chez Gassendi, comme l’est en général ce phénomène que la philosophie moderne ressuscite dans ce qui fait périr la philosophie grecque d’une part avec Descartes dans le doute universel, tandis que les sceptiques sonnent le glas de la philosophie grecque, d’autre part dans la considération rationnelle de la nature, tandis que la philosophie antique est brisée dans Épicure de manière encore plus rigoureuse que chez les sceptiques. L’antiquité prenait ses racines dans la nature, dans le substantiel. Sa dégradation, sa profanation est la marque profonde de la rupture de la vie substantielle vierge ; le monde moderne prend ses racines dans l’esprit, et il peut en toute liberté se débarrasser de son Autre, la nature. Mais de la même façon, ce qui était chez les anciens profanation de la nature devient inversement chez les modernes délivrance à l’égard des chaînes de la domesticité que constitue la foi, et ce dont part, au moins d’après son principe, l’ancienne philosophie ionienne (voir le divin — l’idée — incarné dans la nature), il faut d’abord que la moderne conception rationnelle de la nature s’y élève.

Qui ne se souviendra ici du passage plein d’enthousiasme d’Aristote, le plus grand des philosophes antiques, dans son traité περὶ τῆς ζωϊκῆς φύσεως (de animante natura) [Arist. De partibus animalium 645 a], qui rend un tout autre son que la monotonie dégrisée d’Épicure !

  1. . Les âmes sont immortelles, contre Épicure, remarques de Pierre Gassendi sur le livre 10 de Diogene Laerte… Dieu est l’auteur du monde, contre Épicure… Dieu se soucie des Hommes, contre Épicure.