Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/128

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elles, sa déterminité ou sa limite est aussi diversifiée que ces représentations sensibles qui l’assiègent, chacune d’entre elles peut être regardée comme sa limite et donc comme sa détermination ou explication la plus précise. C’est l’essence de toutes les explications épicuriennes et c’est d’autant plus important que c’est l’essence de toutes les explications de la conscience productrice de représentations, prisonnière de présuppositions.

Il en est de même chez les modernes en ce qui concerne Dieu, quand on lui attribue bonté, sagesse, etc. Chacune de ces représentations, qui sont déterminées, peut être considérée comme la limite de la représentation indéterminée « Dieu », qui se trouve entre elles.

L’essence de cette explication est donc qu’une représentation, qui doit être expliquée, est extraite de la conscience. L’explication ou la détermination plus précise consiste ensuite dans le fait que des représentations admises comme connues et tirées de la même sphère se tiennent en rapport avec elle, et donc qu’elle est en général, dans la conscience, dans une sphère déterminée. Épicure avoue ici le défaut de sa philosophie ainsi que de l’ensemble de la philosophie antique : savoir qu’il y a des représentations dans la conscience, mais ignorer leur limite, leur principe, leur nécessité.

Mais Épicure ne se contente pas d’avoir donné le concept de sa création du monde : il joue le drame lui-même, il s’objective ce qu’il a fait, et ce n’est qu’alors que commence à proprement parler sa création. On lit, en effet, plus loin : « Il se peut aussi qu’un tel monde naisse dans un intermonde (ainsi nommons-nous l’espace compris entre plusieurs mondes), dans un espace complètement vide, dans un grand vide transparent selon le processus suivant : des semences aptes à cette fonction jaillissent d’un monde ou d’un intermonde, ou de plusieurs mondes et forment peu à peu des agglomérations, des articulations, comme cela se présente, et aussi transforment le lieu et reçoivent de l’extérieur autant d’affluents que les substrats qui sont à la base peuvent supporter la composition. En effet, quand, dans le vide, un monde naît, il ne suffit pas de la formation d’un