Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/129

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amas ni de celle d’un tourbillon, ni d’un accroissement de ce tas jusqu’à ce qu’il entre en collision avec autre chose, comme le prétend un des physiciens. Cela contredit en effet les phénomènes. » [Diog. X 89-90]

La première présupposition à la création du monde, ce sont donc, ici, des mondes ; le lieu où cet événement se produit est le vide. Donc ce qui se trouvait plus haut dans le concept de la création (que ce qui doit être créé est présupposé) est ici substantifié. La représentation, privée de sa détermination plus précise et de son rapport aux autres, donc telle qu’elle est présupposée en les attendant, est vide, ou, incarnée, un intermonde, un espace vide. Comment maintenant sa détermination s’y ajoute, Épicure l’indique ainsi : des semences appropriées à une création du monde se lient comme c’est nécessaire pour une création du monde, c’est-à-dire qu’aucune détermination n’est donnée, aucune différence. Au total, nous n’avons encore une fois rien d’autre que l’atome et le κενόν (vide), quelle que soit la force avec laquelle Épicure résiste à cette conclusion, etc.

Aristote a déjà fait une critique profonde du caractère superficiel de cette méthode qui part d’un principe abstrait sans laisser ce principe se supprimer dans des formes (?) plus hautes. Après avoir loué les pythagoriciens d’avoir été les premiers à libérer les catégories de leurs substrats, à ne pas les avoir considérées comme une nature particulière, telles qu’elles échoient au prédicat, mais à les avoir conçues comme une substance immanente même : ὅτι τὸ πεπερασμένον καὶ τὸ ἄπειρον [καὶ τὸ ἓν] οὐχ ἑτέρας τινὰς ᾠήθησαν εἶναι φύσεις, οἷον πῦρ ἢ γῆν ἤ τι τοιοῦτον ἕτερον, ἀλλ’ αὐτὸ τὸ ἄπειρον καὶ αὐτὸ τὸ ἓν οὐσίαν εἶναι τούτων ὧν κατηγοροῦνται [Arist. met. 987 à 15 sq.], il leur fait ce reproche : ᾧ πρώτῳ ὑπάρξειεν ὁ λεχθεὶς ὅρος, τοῦτ’ εἶναι τὴν οὐσίαν τοῦ πράγματος ἐνόμιζον[1]. [Arist. Met 987 a 23 sq.]

  1. . Ils croyaient que le limité et l’illimité (et l’un) n’étaient pas des natures différentes, comme le feu, la terre ou toute autre chose différente, mais que l’illimité lui-même et l’Un lui-même étaient l’essence de ce dont ils se disaient… : ils tenaient pour l’essence de la chose la première chose dans laquelle la définition en question se rencontrait.