Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/130

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[La philosophie épicurienne et le scepticisme]


Nous en venons maintenant au rapport de la philosophie d’Épicure avec le scepticisme, dans la mesure où ce rapport est fourni par Sextus Empiricus. Mais avant, on doit citer encore une détermination fondamentale d’Épicure lui-même tirée du livre X de Diog. Laerte, lors de la description du sage : σοφόν δογματιεῖν τε καὶ οὐκ ἀπορήσειν[1]. [Diog. X 121] De l’ensemble de l’exposé du système épicurien, où est donné son rapport essentiel à la philosophie ancienne, on tire comme documents importants son principe du pensable, ce qu’il dit au sujet du langage et sur l’origine des représentations ; ces documents contiennent implicitement sa position par rapport aux sceptiques : Il est dans une certaine mesure intéressant de voir quelle origine Sextus Empiricus donne à l’activité philosophique d’Épicure : [Extraits de Sext. Emp. : adv. mathem. IV 18-19 ; Pyrrh. hyp. II 23-25 ; adv. dogm. III 64.71.58 ; adv. dogm. I 267 ; adv. math. I 49.54.272 sq. ; adv. dogm. I 14-15.22] τὴν πρὸς τοὺς ἀπὸ τῶν μαθημάτων ἀντίρρησιν κοινότερον μὲν διατεθεῖσθαι δοκοῦσιν οἵ τε περὶ τὸν Ἐπίκουρον καὶ οἱ ἀπό τοῦ Πύρρωνος, οὐκ ἀπὸ τὴς αὐτὴς δὲ διαθέσεων, ἀλλ’οἱ μὲν περὶ τὸν Ἐπίκουρον ὡς τῶν μαθεμάτων μηδὲν συνεργούντων πρὸς σοφίας τελείωσιν[2]. (C’est-à-dire que les épicuriens tiennent le savoir des choses, en tant qu’un être-autre de l’esprit, pour impuissant à élever sa Realitas : les pyrrhoniens tiennent l’impuissance de l’esprit à comprendre les choses pour son fait essentiel, pour sa réelle énergie. C’est, même si les deux côtés apparaissent dégradés et non dans la fraîcheur philosophique antique, un rapport semblable que celui des bigots et des kantiens dans leur position à l’égard de la philosophie. Les premiers renoncent au savoir par dévotion,

  1. . Le sage se comportera dogmatiquement et non aporétiquement.
  2. La réfutation de ceux qui s’occupent des sciences semble avoir été exposée assez souvent par les adeptes d’Épicure comme par les disciples de Pyrrhon, mais non à partir du même système. Les épicuriens condamnent les sciences en disant qu’elles ne contribuent en rien à l’accomplissement de la sagesse.