Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/141

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le but, le bien, aussi bien dans sa vie que dans son enseignement. Il est le sage entré dans le mouvement pratique.

Mais, pour finir, tandis que cet individu porte sur le monde le jugement du concept, il est lui-même divisé et condamné, car il s’enracine pour une part lui-même dans le substantiel, le droit de son existence se trouve dans le droit de son État, de sa religion, bref de toutes les conditions substantielles, qui apparaissent en lui comme sa nature.

D’un autre côté, il possède en lui-même le but qui est juge de la substantialité en question. Sa propre substantialité est donc en lui-même condamnée, et il périt, justement parce que le lieu de sa naissance est l’esprit substantiel et non l’esprit libre qui supporte toutes les contradictions et en est vainqueur, qui n’a à reconnaître comme telle aucune des conditions de la nature.

Si Socrate a une telle importance, c’est parce qu’en lui se présentent en eux-mêmes le rapport de la philosophie grecque à l’esprit grec et donc la limite interne de cette philosophie. Quand on a récemment comparé à ce rapport le rapport à la vie de la philosophie hégélienne et qu’on en a pris prétexte pour condamner cette dernière, il va de soi que cela était insensé. C’est justement le mal spécifique de la philosophie grecque d’être liée à un esprit qui n’est que substantiel. De notre temps, les deux termes sont esprit et veulent tous les deux être reconnus comme tels.

La subjectivité ressort dans son support immédiat comme étant sa vie et son action pratique, comme une formation (Bildung) par laquelle il sépare les individus singuliers des déterminités de la substantialité pour les conduire à la détermination en soi-même ; déduction faite de cette activité pratique, sa philosophie n’a d’autre contenu que la détermination abstraite du bien. Sa philosophie consiste dans son rôle de tremplin qui, des représentations et des différences substantielles, etc., mène à la détermination-en-soi-même, mais elle n’a d’autre contenu que d’être le réceptacle de cette réflexion dissolvante ; sa philosophie est donc essentiellement sa propre sagesse, son propre être-bon ; en