Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/178

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[Extraits du VIe cahier.]


[MEGA : la couverture du VIe cahier manque]


[Extraits de Lucrèce IV 30-32. 52-55. 191-198. 216-238. 251 à 255. 279-288 ; V 95 sq. 108 sq. 240-246. 306-310. 351-363. 373-375. 1169-1182]


[Points nodaux dans le développement de la philosophie]


Le νοῦς d’Anaxagore entre en mouvement chez les sophistes (le νοῦς y devient réellement le non-être du monde) et ce mouvement démonique immédiat comme tel s’objective dans le Δαιμόνιον de Socrate ; de même, le mouvement pratique de Socrate se transforme encore pour devenir chez Platon un mouvement universel et idéel, et le νοῦς s’élargit aux dimensions d’un royaume des idées. Chez Aristote, de nouveau, ce processus est conçu en vue de la singularité, mais qui maintenant est la singularité réelle et conceptuelle.

De même qu’il y a dans la philosophie des points nodaux qui relèvent en elle-même au concret, saisissent les principes abstraits dans une totalité, et brisent ainsi le fil de la ligne droite, il y a aussi des moments où la philosophie tourne son regard vers le monde extérieur, ne cherche plus à le concevoir, mais noue pour ainsi dire, comme une personne en chair et en os, des intrigues avec lui, sort du royaume transparent de l’Amenthès[1] pour se jeter dans les bras de la sirène du monde. C’est le temps du carnaval de la philosophie ; qu’elle se glisse dans une peau de chien comme le cynique, ou dans une soutane comme l’alexandrin, ou encore dans une vaporeuse robe printanière comme l’épicurien. Il lui est alors essentiel de porter des masques de

  1. Amenthès : lieu où vont les âmes selon la croyance égyptienne, mentionné par Plutarque.