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Philosophie épicurienne. VIIe cahier.


[Extraits de Cic. de nat. deorum I : VIII 18, XIII 32, XIV 36, XV 39, XVI 43, XVII 44-45, XVIII 46, XX 56, XXI 58, XXIII 62-64, XXIV 66-68, XXV 69-70]


[Le rapport des philosophies épicurienne, stoïcienne et sceptique aux philosophies grecques antérieures]


C’est un phénomène en tous points remarquable que le cycle des trois systèmes philosophiques grecs qui forment la fin de la philosophie grecque pure, les systèmes épicurien, stoïcien et sceptique, reçoivent tout prêts et tout trouvés de leur passé les éléments principaux de leur système. C’est ainsi que la philosophie de la nature professée par les stoïciens est pour une large part héraclitéenne, leur logique analogue à celle d’Aristote, si bien que déjà Cicéron remarque Stoici cum peripateticis re concinere videntur, verbis discrepare[1] (de nat. deorum L. I VII). La philosophie de la nature d’Epicure est, dans ses traits fondamentaux, démocritéenne, sa morale analogue à celle des cyrénaïques. Les sceptiques, enfin, sont parmi les philosophes les érudits ; leur travail consiste à mettre en opposition, donc aussi à recevoir les différentes affirmations déjà découvertes. Ils ont lancé par-dessus leur épaule sur les systèmes un regard expert à uniformiser, à aplanir, et ont ainsi mis en évidence la contradiction et l’antithèse. Leur méthode à eux aussi a son prototype universel dans la dialectique des Eléates, des sophistes et des préacadémiciens. Et pourtant ces systèmes sont originels et forment un tout.

Mais ce n’est pas seulement qu’ils aient trouvé tout prêts des éléments pour construire leur science ; les esprits vivants

  1. . Les stoïciens ont semblé être d’accord avec les péripatéticiens sur la chose et ne s’en séparer que par les mots.