Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/199

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de leurs empires spirituels ont, pour ainsi dire comme des prophètes, précédé ces empires. Les personnalités qui font partie de leur système furent des personnalités historiques ; l’Incarné fut pour ainsi dire système pour le système. Ainsi Aristippe, Antisthène, les sophistes, etc.

Comment comprendre cela ?


[L’atome comme la forme la plus universelle du concept dans la philosophique épicurienne de la nature]

χωρίζεσθαι δὲ τοῦτο μὲν τῶν ἄλλων δυνατόν, τὰ δʹἄλλα τούτον ἀδύνατον ἐν τοῖς θνητοῖς[1]. Cette remarque que fait Aristote à propos de « l’âme nutritive » : de anima L. II c. II [413 b 16 sq.], il faut l’avoir à l’esprit également à propos de la philosophie d’Épicure : en partie la concevoir elle-même, en partie saisir des absurdités apparentes propres à Épicure ou à la maladresse de ses futurs censeurs.

La forme la plus universelle du concept est chez lui l’atome ; il est l’être le plus universel de ce concept, mais qui en soi est concret, est un genre, même une espèce qui s’oppose aux plus hautes déterminations qui doivent concrétiser le concept de sa philosophie.

L’atome reste ainsi l’être en soi abstrait, par exemple celui de la personne, du sage, de Dieu. Ces figures sont des déterminations ultérieures qualitatives plus hautes du même concept. Il n’y a donc pas, lors du développement génétique de cette philosophie, à poser la question maladroite de Bayle, Plutarque et consorts : comment une personne, un sage, un dieu peuvent-ils être faits d’atomes et être des corps composés ? Mais, d’un autre côté, cette question semble être justifiée par Épicure lui-même, car, lors de développements élevés (par exemple : Dieu), il dira que celui-ci est fait d’atomes plus petits et plus fins. Il faut remarquer sur ce point que sa propre conscience se comporte vis-à-vis de

  1. Cette fonction peut être séparée des autres, mais à l’inverse celles-ci ne peuvent, chez les mortels, être séparées de celle-là.