Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/231

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substance de cette nécessité serait l’antitypie, le mouvement, l’impulsion de la matière[1]. Un passage semblable se trouve dans les éclogues physiques de Stobée[2] et au livre VI de la Praeparatio evangelica d’Eusèbe[3]. Dans les éclogues éthiques de Stobée se trouve conservée la sentence suivante de Démocrite[4], qui est presque intégralement reproduite au livre XIV : les hommes se sont imaginé le fantôme du hasard — une manifestation de leur propre embarras ; car une pensée forte doit être l’ennemie du hasard. De même, Simplicius rapporte à Démocrite un passage où Aristote parle de la vieille doctrine qui supprime le hasard[5].

Épicure écrit par contre : « La nécessité, qui est mentionnée par certains comme la maîtresse absolue, n’est pas ; bien au contraire, certaines choses sont fortuites, les autres dépendent de notre arbitraire. La nécessité est impossible à convaincre, le hasard au contraire est instable. Il vaudrait mieux suivre le mythe relatif aux dieux que d’être le valet de l’εἰμαρμένη (du destin) des physiciens. Car le premier nous laisse l’espoir de la miséricorde si nous avons honoré les dieux, tandis que la seconde ne laisse que la nécessité inflexible. Mais c’est le hasard qu’il faut admettre, et non pas Dieu, comme la foule le croit[6]. C’est un malheur de vivre dans la nécessité, mais vivre dans la nécessité n’est pas une nécessité. Ouvertes sont partout les voies qui mènent à la liberté, nombreuses, courtes, faciles. Remercions donc la divinité que personne ne puisse être retenu en vie. Dompter la nécessité elle-même est chose permise[7]. »

L’épicurien Velleius dit la même chose chez Cicéron au sujet de la philosophie stoïcienne : « Que doit-on penser

  1. Pseudoplut. 884 E.
  2. Stob. ecl. I, IV 7c (§ 158 et 160).
  3. Euseb. VI 257.
  4. Stob. ecl. II, VIII, 16 (§ 346).
  5. Simpl. P. 351.
  6. Diog. X 133 sq.
  7. Sen. ep. 12.