se différencient[1]. Il découle naturellement de ce point qu’il n’y a pas autant de figures différentes que d’atomes[2], alors que Démocrite pose un nombre infini de figures[3]. Si chaque atome avait une figure particulière, il faudrait bien qu’il y ait des atomes de grandeur infinie[4] ; car ils auraient en soi une différence infinie (la différence qui les distinguerait de tous les autres), comme les monades de Leibniz. L’affirmation de Leibniz qu’il n’y a pas deux choses identiques est donc renversée et il y a un nombre infini d’atomes de la même figure[5], ce qui implique manifestement que la détermination de la figure est de nouveau niée, car une figure qui ne se distingue plus des autres n’est pas une figure[6].
Il est enfin de la plus haute importance qu’Epicure mentionne comme troisième qualité la pesanteur[7] ; car c’est dans le point de gravité que la matière possède la singularité idéale qui constitue une détermination principale de l’atome. Dès que les atomes ont été transportés dans le domaine de la représentation, ils doivent nécessairement posséder aussi la pesanteur.
Mais la pesanteur est elle aussi contradictoire au concept de l’atome ; elle est, en effet, la singularité de la matière en tant qu’un point idéal qui se trouve extérieur à cette matière. Or, c’est l’atome lui-même qui est cette singularité, le point de gravité pour ainsi dire, représenté comme une existence singulière. La pesanteur n’existe donc pour Epicure que comme différence de poids, et les atomes sont eux-
- ↑ . Lucrèce II 513 sq ; Euseb. ibid. (14, 5) ; cf. Pseudoplut. ibid.
- ↑ . Diog. X 42 ; Lucrèce II 525 sq.
- ↑ . Arist. de caelo 303 a ; Philop. ibid.
- ↑ . Lucrèce II 479 sq.
- ↑ . Cf. Anm. 25.
- ↑ . Cf. MEGA : Après « figure », le paragraphe suivant est barré verticalement : Epicure s’est donc, sur ce point, également objectivé la contradiction tandis que Démocrite, s’en tenant au côté matériel, ne laisse plus apparaître, dans ses déterminations ultérieures, aucune conséquence du principe.
- ↑ . Diog. X 44.54.
