Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/325

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2o L’Autre qui fait face à la pensée est déterminé comme tel, le principe de la singularité, la sensation en général, la perception, l’intuition.

Ce sont les principes de la philosophie stoïcienne et épicurienne. Ces deux principes sont unilatéraux. La pensée abstraite n’est pas en elle-même concrète. La déterminité tombe en dehors de la pensée et doit être conçue pour soi, être érigée en principe (p. 427-428). Cette déterminité a en effet un droit absolu en face de la pensée abstraite. C’est l’universel et le singulier.

3o Le scepticisme est la négation de ces deux unilatéralités, la reconnaissance de l’unilatéralité, la négation de tout critère, de tout principe déterminé, de quelque sorte qu’il soit. Le stoïcisme a érigé en principe la pensée abstraite, l’épicurisme la sensation. Le scepticisme est la négation active de tout principe.

Le premier élément est donc le principe, le critère ; l’autre est que le sujet se fait conforme à ce principe, précisément afin de se gagner la liberté, l’indépendance de l’esprit. C’est la liberté interne de l’esprit en soi ; cette liberté de l’esprit, cette impassibilité, cette indifférence, cette imperturbabilité, cette ataraxie, ce caractère inébranlable, cette identité de l’esprit en soi, qui ne souffre de rien, ne se lie à rien, est le but commun de toutes ces philosophies, si désolé qu’on puisse se représenter le scepticisme et si bas qu’on puisse concevoir l’épicurisme. Les vrais épicuriens furent effectivement élevés au-dessus des liens particuliers.

Ces philosophies professent que le contentement de l’esprit est la liberté à l’égard de tout. L’éthicité concrète, la tendance à la réalisation politique qu’on trouvait chez Platon, la science concrète d’Aristote ont disparu. Dans ce monde de l’abstraction, l’individu a dû chercher dans son intérieur, d’une manière abstraite, ce contentement que lui