Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/328

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La pesanteur peut à la rigueur être l’être pour soi abstrait, mais non les autres qualités ; et même la pesanteur est contraire à la répulsion.

L’essentiel serait d’indiquer la relation de l’essence, de l’atome, au phénomène sensible (p. 488). Mais sur ce point, Epicure se meut dans des indéterminités qui n’apportent rien. Les qualités sont données par Epicure comme le produit des compositions d’atomes : pour Hegel, ce sont des mots vides, un discours purement formel.

Le vide est l’interruption du flot des atomes. De même, le mouvement de la pensée est celui qui possède l’interruption (la pensée est dans l’homme précisément ce que sont l’atome et le vide dans les choses : son intérieur) [p. 489]. Le mouvement de la pensée échoit aux atomes de l’âme. Il ne s’agit ici que de l’opposition du positif et du négatif. La pensée est entachée d’un principe négatif, le moment de l’interruption. Le fondement du système d’Epicure est ainsi le plus arbitraire et donc le plus fastidieux qui puisse être pensé.

Hegel insiste sur l’inanité de la théorie du passage de l’atome au sensible. Aucun pont entre la formation des choses et les qualités n’est indiqué. Il se produit la tautologie vide qui dit que les parties sont précisément ordonnées et composées comme l’exige le fait que leur phénomène soit tel (p. 490). Mais la détermination des atomes, formés de telle ou telle manière, est une invention d’un arbitraire absolu. Le passage aux phénomènes, aux corps concrets, ou bien Epicure ne l’a pas du tout effectué, ou bien ce qui est indiqué là dessus est pour soi-même insuffisant. Epicure nie l’unité et la relation des atomes pris comme étant en soi au sens où cette unité et cette relation constituent le but universel. Tout ce que nous appelons formations et organisations (formes organiques), en gros l’unité du but de la nature, échoit selon lui aux propriétés, à une liaison des atomes qui ainsi n’est que fortuite, qui n’est produite que par le mouvement fortuit des atomes.