Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/37

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en 1843, l’Introduction de la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel. Il commence par y résumer la critique de Feuerbach : « La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. » Mais il dépasse aussitôt cette critique : « L’homme n’est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c’est le monde réel, l’État, la société. Cet État, cette société produisent une conscience erronée du monde parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux. » « C’est la réalisation fantastique de l’essence humaine parce que l’essence humaine n’a pas de réalité véritable[1]. » « Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. » Ce prolongement de l’analyse de Marx permet de juger des Travaux préparatoires.

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Le deuxième thème de ce texte est l’accentuation de la dialectique. C’est la dialectique qui permet au jeune Marx de soutenir le débat avec Hegel et le devenir-antinomique de son système. Comme le souligne Marx dans les Remarques à la Dissertation, il ne s’agit pas d’opposer au langage hégélien un élément non philosophique (non dialectique) qui en montrerait, sans la démontrer, la caducité, mais de remonter au principe, de faire en sorte que ce soit le système hégélien lui-même qui comprenne, et par là supprime la séparation du réel dans laquelle l’a fait retomber la marche anarchique de l’histoire concrète. Marx rejette la séparation opérée par les Jeunes hégéliens entre un bon et un mauvais Hegel : si un philosophe s’est rendu coupable d’un compromis, la possibilité de ce compromis doit se trouver dans une insuffisance ou une compréhension insuffisante de son principe. En somme, Hegel n’a pas pris

  1. . Traduction Molitor, p. 83-84 (Editions Costes. Œuvres philosophiques, tome I).