Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/70

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Marx avec Hegel et avec Bauer a été consommée. La philosophie de Marx est maintenant une philosophie matérialiste. Le réflexe naturel de Marx est alors de se tourner de nouveau vers l’histoire de la philosophie, et d’y lire la lutte du matérialisme contre ce qu’il appelle désormais Métaphysique. L’alternance, qui avait été établie en 1841 entre l’union de la philosophie et du monde et l’opposition de cette même philosophie au monde, se retrouve ici à l’intérieur de l’histoire de la philosophie, entre la Métaphysique et le matérialisme.

La philosophie française des Lumières, au XVIIIe siècle, et surtout le matérialisme français n’ont pas mené seulement la lutte contre les institutions politiques existantes, contre la religion et la théologie existantes, mais elles ont tout autant mené une lutte ouverte, une lutte déclarée contre la métaphysique du XVIIe siècle, et contre toute métaphysique, singulièrement celle de Descartes, de Malebranche, de Spinoza et de Leibniz (op. cit., p. 151).


À côté de cette ligne de développement du matérialisme français, Marx insiste sur l’ouvrage de Locke : Essai sur l’entendement humain, qui fut accueilli en France avec enthousiasme. « Le matérialisme est le vrai fils de la grande Bretagne » (op. cit. p. 154). Le nominalisme de Duns Scot est présenté comme la condition de possibilité du matérialisme. « Le nominalisme est un élément capital, et il constitue d’une façon générale la première expression du matérialisme. » (p. 154) Mais « le véritable ancêtre du matérialisme anglais et de toute science expérimentale moderne, c’est Bacon ». Or, « Bacon se réfère souvent à Anaxagore et à ses Homoioméries, ainsi qu’à Démocrite et à ses atomes ». (Op. cit., p. 155.)

Tout se passe donc comme si la valeur matérialiste des philosophies de Démocrite et d’Épicure l’emportait sur la différence révélée par la Dissertation de 1841, différence qui mettait en cause le matérialisme d’Épicure en rattachant sa théorie à une doctrine de l’homme et non du monde.