Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/86

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pense encore abstraitement, c’est-à-dire en rapport à cette conscience[1].

La dialectique révolutionnaire est exposée de manière très précise par Marx dans la Postface à la seconde édition allemande du Capital (24 janvier 1873). Marx y cite une critique de son livre parue dans une revue de Saint-Pétersbourg, qui contient ces deux extraits importants :

A première vue, si l’on en juge par la forme extérieure de l’exposition, Marx est un idéaliste renforcé, et cela dans le sens allemand, c’est-à-dire dans le mauvais sens du mot. En fait, il est infiniment plus réaliste qu’aucun de ceux qui l’ont précédé dans le champ de l’économie critique… On ne peut en aucune façon l’appeler idéaliste[2].
La valeur scientifique particulière d’une telle étude, c’est de mettre en lumière les lois qui régissent la naissance, la vie, la croissance et la mort d’un organisme social donné, et son remplacement par un autre supérieur ; c’est cette valeur-là que possède l’ouvrage de Marx. (Nous soulignons.)

Marx souligne que l’auteur définit ainsi la méthode dialectique elle-même. Certes, cette dialectique est l’opposé de la dialectique spéculative hégélienne :

Ma méthode dialectique, non seulement diffère par la base de la méthode hégélienne, mais elle en est l’exact opposé. Pour Hegel, le mouvement de la pensée, qu’il personnifie sous le nom de l’idée, est le démiurge de la réalité, laquelle n’est que la forme phénoménale de l’idée. Pour moi, au contraire, le mouvement de la pensée n’est que la réflexion du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l'homme[3].
  1. . La lettre de Engels à Marx du 19 novembre 1844 est significative : « L’homme de Feuerbach est dérivé de Dieu. C’est de Dieu que Feuerbach est arrivé à l’homme, et ainsi l’homme est encore, il est vrai, couronné de l’auréole théologique de l’abstraction. » Citée par A. de Abreu-Freire, Critique et idéologie chez le jeune Marx, in Revue philosophique de Louvain, tome LXIV.
  2. . K. Marx, Œuvres, collection de la Pléiade, N.R.F., tome I, p. 556. Ibidem, p. 558.
  3. . Postface à la seconde édition allemande du Capital, éd. cit., p. 558.