Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
lité, telle qu’elle apparaît dans l’esprit comme un tout pensé, est un produit du cerveau pensant, qui s’approprie le monde de la seule manière possible… [ = de la seule manière dont il puisse le faire.] Le sujet réel subsiste, après comme avant, dans son autonomie en dehors de l’esprit, tout au moins aussi longtemps que l’esprit n’agit que spéculativement, théoriquement[1]. (Nous soulignons.)

La pensée de Marx est donc une critique de la conscience, laquelle est naturellement portée à concevoir le concret pensé comme concret réel, c’est-à-dire à se concevoir comme le réel, à s’affirmer dans les choses mêmes. L’objet de la représentation — le monde sensible — a la valeur essentielle d’un point de départ. Il ne s’agit pas de se mouvoir d’emblée dans un idéel contenu implicitement dans la représentation, mais de produire le concept du réel en transformant la matière de la représentation. La genèse réelle est indépendante de cette reproduction idéelle, ce qui nécessite de ne jamais quitter le sol de l’observation empirique, où le développement réel ne cesse de se donner à travers les illusions de la conscience. C’est la pratique matérielle de la production, réalisation effective des deux moments exigés dès 1841, qui fournit le modèle général de compréhension de toutes les pratiques[2].

  1. . Ibidem, p. 256.
  2. . Cf. là-dessus les belles analyses de L. Althusser : Sur la dialectique matérialiste dans Pour Marx, coll. Théorie, Maspero. Et Lire le Capital, même collection, en particulier le tome II, l’Objet du Capital.