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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/102

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déclarait, en feignant un grand enthousiasme pour l’extension de la nationalité allemande, que la Pologne prussienne, principal foyer de l’agitation révolutionnaire polonaise, devait faire partie de cet Empire allemand qui allait être créé. Les promesses données aux Polonais dans les premiers jours d’excitation furent honteusement violées. Les troupes polonaises, rassemblées avec l’autorisation du Gouvernement, furent dispersées et massacrées par l’artillerie prussienne, et déjà, au mois d’avril 1848, six mois après la révolution de Berlin, le mouvement polonais était écrasé, et l’ancienne hostilité nationale entre Polonais et Allemands rétablie. Cette immense et incalculable service fut rendu à l’autocrate russe par les ministres-marchands libéraux, Camphausen et Hansemann. Il faut ajouter que cette campagne de Pologne était aussi le meilleur moyen de réorganiser, de rassurer cette même armée prussienne, qui, plus tard, devait chasser le parti libéral et écraser le mouvement que MM. Camphausen et Hansemann ont pris tant de peine à mener à bonne fin. « Punis par où ils ont péché », tel fut le sort de tous les parvenus de 1848 et de 1849, de Ledru-Rollin à Changarnier et de Camphausen à Haynau.

La question des nationalités a encore donné lieu à une lutte, en Bohème. Ce pays, habité par deux millions d’Allemands et trois millions de Slaves de langue tchèque, avait de grands souvenirs histo-