Aller au contenu

Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riques, se rattachant presque tous à la suprématie possédée autrefois par les Tchèques. Mais la force de cette branche de la famille slave s’est trouvée abattue depuis les guerres des Hussites au xve siècle. Les provinces qui parlaient la langue tchèque furent divisées : une partie forma le royaume de Bohême ; une autre, la principauté de Moravie ; la troisième — le pays des monts Carpathes — devint une partie de la Hongrie. Les Moraves et les Slovaques ont perdu depuis toute trace de sentiment national et de vitalité nationale, tout en conservant pour la plupart leur langage. La Bohême s’est trouvée entourée, par trois côtés sur quatre, de pays entièrement allemands. Sur son propre territoire l’élément allemand a fait de grands progrès : même dans la capitale, à Prague, les deux nationalités se trouvaient mêlées en proportions égales, et partout le capital, le commerce, l’industrie et la culture intellectuelle étaient entre les mains des Allemands. Le principal champion de la nationalité tchèque, le professeur Palacky, n’est lui-même qu’un savant allemand nomade qui, même maintenant, ne peut pas parler le tchèque correctement et sans accent étranger. Mais, comme il arrive souvent, la nationalité tchèque mourante — mourante, d’après tous les faits connus de son histoire, pendant les quatre dernières centaines d’années — a fait, en 1848, un dernier effort pour retrouver son ancienne vitalité ; l’échec a démontré, indépendamment de toutes les considérations révolution-