Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/122

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il se créa ainsi une force réelle dont disposait la camarilla contre-révolutionnaire, tandis qu’on laissait les impuissants ministres de Vienne user leur faible et éphémère popularité dans de continuels différends avec les masses révolutionnaires et dans les débats prochains de l’Assemblée constituante. C’est ainsi que la politique consistant à abandonner à lui-même pendant quelque temps le mouvement de la capitale — politique qui, dans un pays centralisé et homogène comme la France, aurait conduit le parti du mouvement à la toute-puissance, se trouve être, en Autriche, dans ce conglomérat politique hétérogène, un des moyens les plus surs de réorganiser les forces de la réaction.

À Vienne, les classes moyennes, persuadées qu’après trois défaites successives et en présence d’une Assemblée constituante basée sur le suffrage universel, la cour n’était plus un ennemi à redouter, tombaient de plus en plus dans la lassitude et l’apathie, et demandaient à grands cris l’ordre et la tranquillité. C’est la revendication qui, partout et toujours, prédomine dans cette classe après les commotions violentes et les troubles commerciaux qui s’en suivent. Les manufactures dans lesquelles était employé le capital autrichien étaient presqu’exclusivement destinées à fabriquer des objets de luxe ; après la Révolution et la fuite de la cour, la demande de ces produits devait nécessairement diminuer. Les réclamations en faveur