Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/123

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d’un système régulier du Gouvernement et du retour de la cour dont on espérait une renaissance de la prospérité commerciale, devinrent très générales dans les classes moyennes. La réunion de l’Assemblée constituante, qui eut lieu en juillet, fut saluée avec joie comme la fin de l’ère révolutionnaire ; il en fut de même au retour de la cour qui, après les victoires de Radetzky et l’avènement du ministère réactionnaire de Doblhoff, se crut assez forte pour braver le torrent populaire. Sa présence à Vienne était, d’ailleurs, nécessaire pour conclure les intrigues avec la majorité slave de la Diète. Pendant que la Diète constituante discutait les lois qui émancipaient les paysans de la servitude féodale et du travail forcé auquel les condamnait la noblesse, la cour accomplit un coup de maître. Le 19 août, l’empereur passa la garde nationale en revue ; la famille impériale, les courtisans, les officiers généraux flattèrent à qui mieux mieux les bourgeois en armes, déjà pénétrés d’orgueil en se voyant reconnus publiquement comme un des corps importants de l’État ; immédiatement après, un décret, signé par M. Schwarzer, le seul ministre populaire du cabinet, supprima les secours que donnait jusqu’alors le Gouvernement aux ouvriers sans travail. Le tour réussit : les classes ouvrières avaient organisé une manifestation ; la garde nationale, formée par la classe moyenne, s’était déclarée en faveur du décret de son ministre ; lancés sur