Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/130

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de Windischgrätz, beaucoup plus nombreuses, sans compter même les bandes de Jellachich qui, par leurs habitudes même, étaient très utiles dans une guerre de maison à maison, de ruelle à ruelle ? Et que pouvaient opposer les insurgés, en dehors de vieilles pièces d’artillerie, usées, mal montées et mal servies, à l’artillerie nombreuse et bien fournie dont Windischgrätz fit un usage si peu scrupuleux ?

Plus le danger approchait, plus la confusion augmentait à Vienne. La Diète ne put, jusqu’au dernier moment, retrouver assez d’énergie pour appeler à son secours l’armée hongroise de Perczel, qui campait à quelques lieues de la capitale. Le Comité adoptait des résolutions contradictoires, obéissant, comme les masses populaires elles-mêmes, au flot montant et descendant des bruits contradictoires. Le seul point sur lequel tout le monde s’accordait, c’était de respecter la propriété, et cela à un degré presque ridicule à une époque pareille. Quant à l’élaboration définitive d’un plan de défense, on fit très peu en ce sens. Bem, le seul homme présent qui aurait pu sauver Vienne, si quelqu’un l’avait pu à ce moment ; presque inconnu, étranger, Slave de naissance, abandonna sa tâche, écrasé qu’il était par la méfiance générale ; s’il avait continué, il aurait peut-être été lynché comme traître. Messenhauser, qui commandait les forces insurrectionnelles, plutôt romancier qu’officier même subalterne, était tout