Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/136

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très bon à un libre échangiste anglais, mais paraîtra toujours insuffisant aux yeux de l’histoire. Supposez que le peuple de Vienne se soit tenu « aux moyens légaux et constitutionnels » le 13 mars et le 6 octobre ; que seraient devenus alors et le mouvement « légal et constitutionnel » et toutes les glorieuses batailles qui, dans les premiers temps, ont attiré vers la Hongrie l’attention du monde civilisé ? Le terrain légal et constitutionnel lui-même, sur lequel, nous assure-t-on, les Hongrois se tenaient en 1848 et 1849, avait été conquis pour eux par le soulèvement, extrêmement illégal et inconstitutionnel du peuple de Vienne, le 13 mars. Il n’entre pas dans notre but de discuter ici sur l’histoire révolutionnaire de la Hongrie ; mais il est peut-être bon de remarquer qu’il est complètement inutile de se borner de parti pris aux moyens légaux pour résister à un ennemi qui dédaigne ces scrupules ; nous pouvons aussi ajouter que si Görgey n’avait pas fait sienne cette éternelle prétention à la légalité et ne l’avait pas retournée contre le Gouvernement, rattachement de l’armée de Görgey pour son général et la honteuse catastrophe de Vilagos auraient été impossibles. Et lorsque, pour sauver leur honneur, les Hongrois, à la fin d’octobre, traversèrent enfin la Leitha, n’était-ce pas tout aussi illégal que l’aurait été n’importe quelle attaque immédiate et résolue ?

On sait que nous ne nourrissons aucun senti-